Brésil Carbone : vers une "quatrième récolte"

L’agrobusiness brésilien travaille à se lancer dans la vente de crédits carbone, parfois qualifiée de « 4ème récolte » tant l’opportunité est grande et étant donné que l'on peut faire jusqu'à trois récoltes par an. Mais pour l’heure, certains points méthodologiques des protocoles de mesure ne font pas consensus, comme la question du calibrage des méthodes existantes vis-à-vis du contexte tropical. Selon André Nassar, président de l'Association brésilienne des industries des huiles végétales (Abiove), « les méthodes du Giec (1) mesurent très bien les émissions de gaz à effet de serre, mais pas la grande capacité de stockage de carbone dans nos sols ».

L’Embrapa, organe de recherche agronomique brésilien, travaille sur le sujet depuis environ trois ans. Selon ses chiffres, un système d’élevage extensif basé sur des pâtures dégradées est en moyenne émetteur à hauteur de 0,91 tCO₂eq/ha/an (tonnes d’équivalent CO₂ ). Les systèmes dits « intégrés » (qui associent plusieurs productions) apparaissent, eux, plus intéressants du point de vue du bilan carbone. Les associations cultures/pâtures stockent en moyenne 0,86 tCO₂eq/ha/an. Les systèmes qui intègrent à la fois pâture, cultures et agroforesterie (ICLF) sont eux stockeurs à hauteur de près de 22 tCO₂eq/ha/an. Les plantations d’arbres, en rangées espacées d’une trentaine de mètres, sont généralement des eucalyptus destinés à la production d’énergie.  

Plan de décarbonation

La mise en place de ces systèmes fait partie des pratiques (2) qui sont encouragées par le gouvernement brésilien au travers de sa politique de décarbonation de l’agriculture, le plan ABC, (puis ABC+), lancé en 2010. « Entre 2010 et 2020, il a permis d’éviter l’émission d’environ 170 MtCO₂eq, alors que l’objectif était de 133 à 163 MtCO₂eq », chiffre Mariane Crespolini, ancienne membre du ministère brésilien de l'Agriculture (Mapa). L’objectif est d’atteindre 1 100 MtCO₂eq en 2030.